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Journée d'études : "Léon-Paul Fargue et les Médias"

Publié le 30 mai 2017 Mis à jour le 11 avril 2018
Date(s)

le 30 mai 2017

10h-18h30
Lieu(x)

Salle des Conseils du bâtiment L (4e étage, L436) 
Université Paris Nanterre

 Journée d’étude

Léon-Paul Fargue et les Médias

À l’époque où Léon-Paul Fargue (1876-1947) fait, comme on dit, son entrée « dans la carrière des Lettres », l’activité des petites revues est intense et la Littérature est depuis belle lurette engagée dans son ère médiatique. Le jeune Tancrède y participe alors, avec un mélange de timidité et d’audace. Mais Fargue résistera longtemps aux tentations du grand public. La célébrité n’était pas son affaire, et il se voyait plutôt comme « l’homme de trois ou quatre poèmes par an ». Il aurait préféré rester le « subtil insecte du génie ». Bref, il n’était pas fait pour le commerce des Lettres et sa surface médiatique lui importait finalement assez peu.

Mais, comme l’a raconté son ami André Beucler, « il savait que pour occuper une haute situation dans le monde des arts et des lettres, vendre beaucoup de livres, ou de tableaux, toucher de bons cachets, être cité et photographié de façon ininterrompue, il faut avoir un nom, une légende et une activité[1] ». En effet, à partir des années Trente, Fargue semble découvrir que la Grande Presse et la Radio constituent à la fois des sources non négligeables de revenus, si l’on sait œuvrer et manœuvrer pour en tirer profit aussi élégamment qu’efficacement, mais représentent également des lieux où l’image de soi se diffuse le plus souvent sur le mode de la légende, ce qui permet d’apaiser certaines rancœurs et de réparer les accrocs faits à l’amour-propre.

Subsistance et aura : réduire les médias à cet office moitié alimentaire moitié légendaire aurait cependant l’inconvénient d’enfermer le poète dans la logique de trivialités assumées ou de stratégies concertées. S’il a, certes, plaisir à collectionner quelques billets de mille, fruit d’un travail alerte de la plume (l’œuvre « journalistique » de Fargue est considérable, et va du grave au frivole), s’il éprouve satisfaction à lire ses textes et voir son image (dans les journaux et magazines) ou entendre sa voix (à la Radio) circuler dans le Monde, s’il jubile de fréquenter des milieux dans lesquels étincelle sa conversation, Fargue reste un poète secret et pudique (« On dit : qu’il cache une partie de sa vie… ») qui entretient, donc, un lien ambigu avec le monde des médias, dont l’intelligence est de toute évidence « contraire à son rythme ».  « Il faut bien que l'on se montre, poète et gentleman pauvre, et que l'on se fasse croire, et que l'on se donne une importance de secours, sous peine de manger de la pierre meulière[2] », mais l’on est seul, toujours seul avec la poésie, l’écriture.

Après sa disparition, restent les traces, les archives, la mémoire des proches, la fidélité des amis. Fantôme occidental actif, Fargue vit alors une nouvelle vie : des émissions radiophoniques lui sont consacrées, il fait même apparition à la télévision[3]. La poésie continue.

En 1929, Beucler encore avait imaginé le développement d’une forme de cinéma de la vie intérieure : « Ce sera peut-être l’époque d’un art individuel et pour peu que l’appareil de prises de vues atteigne un prix raisonnable, nous pourrons acheter chez le cinélibraire les derniers films d’André Gide, de Paul Morand, de Fargue, de Mac Orlan[4] ». Ce cinéma poétique, Fargue l’aura finalement pratiqué toute sa vie, sans le savoir exactement – diorama d’états d’âme   glissant d’image en image, de mot en mot, de voix en voix, avec l’aisance d’un danseur habité par la charge du merveilleux.
                                                              

 

 

[1] André Beucler, De Saint-Pétersbourg à Saint-Germain des Prés, Gallimard, 1980, p. 107.

[2] « Nuits blanches », Haute Solitude.

[3] Façon de parler, évidemment, car, sauf erreur, nous n’avons pas d’images animées de Fargue. Voir « Les heures chaudes de Montparnasse » de Jean-Marie Drot, 1960, et « Souvenirs d’un fantôme », Un siècle d’écrivains, de Jérôme Prieur, 1997.

[4] André Beucler, « Nous entrons dans l’ère du document », Pour vous, n°25, 9 mai 1929, article reproduit dans Plaisirs de mémoire et d’avenir (Les Cahiers de l’association André Beucler) n°5, 2015, p. 86-88.




Programme

 

Matinée (10h-12h30)

Julien Gabet : « Fargue et la Radio »

Bruno Curatolo : « Les émissions d’André Beucler sur Fargue à la Radio Télévision Suisse »

Anne Reverseau : « Les portraits photographiques de Léon-Paul Fargue dans la Presse »

Après-Midi (14h-17h)

Julien Schuh : « Fargue et les petites revues »

Barbara Pascarel : « Fargue et la grande Presse »

Sophie Robert : « Fargue et Marie-Claire »

Jérôme Prieur viendra parler de son film « Souvenirs d’un fantôme, Léon-Paul Fargue » série « Un siècle d’écrivains ». En présence de Laurent De Freitas (Archives Fargue) et de Roland Beucler (Archives Beucler).

17h30-18h30, même lieu

Assemblée Générale des Coludions (adhérents à la Société des Lecteurs de Léon-Paul Fargue)

 

Entrée libre et gratuite. Se renseigner pour le repas de midi.

Les communications seront publiées dans le bulletin Ludions n°17 en octobre 2017

 

 

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