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La curiosité à la Renaissance

Publié le 2 juillet 2013 Mis à jour le 11 avril 2018

Journée d’étude organisée par Rachel Darmon et Arnaud Laimé (Paris VIII), Adeline Desbois (Paris IV), Alice Vintenon (Université Paris Nanterre Nanterre) avec le soutien du département Littérature et langages de l’ENS, du CSLF (Université Université Paris Nanterre), et de l’Université Paris VIII.

Date(s)

le 29 avril 2011

Lieu(x)
Ecole Normale Supérieure
45 rue d’Ulm
75005 PARIS
Entrée libre et gratuite.

Présentation

Etymologiquement dérivée de cura, le « soin », la curiosité apparaît tantôt comme un louable désir de connaître, manifestant la dignitas hominis, tantôt comme la recherche insatiable de vaines nouveautés ou de vérités hors de portée de la condition humaine. Dans notre imaginaire collectif, les plaidoyers exaltés des humanistes pour les disciplines restituées, pour les découvertes philologiques et scientifiques font de la Renaissance un âge d’or de la bonne curiosité. Pourtant, l’enthousiasme de cette époque ne va jamais sans une profonde réflexion sur les limites de la connaissance : l’héritage augustinien semble amener ces mêmes humanistes à censurer cet appétit de savoir, soupçonné d’être le ferment de l’orgueil et de faire oublier la priorité de la foi. Cette valorisation de l’humilité s’inspire également du modèle antique de Socrate, auquel Erasme attribue le mérite d’avoir « détourné les hommes de la curiosité pour des sujets qui ne les concernent pas » (Apophtegmes III, Socratica 22), comme les sciences de la nature, au profit des investigations apparemment plus modestes de la morale. L’expression de l’ambivalence de la libido sciendi est portée à son comble dans le propos paradoxal du De incertitudine et vanitate omnium scientiarum d’Henri-Corneille Agrippa (1530), qui accumule de manière encyclopédique la totalité des doctrines et des disciplines développées par l’homme afin de démontrer leur vanité : la simplicité d’esprit est valorisée comme l’attitude la plus proche de la sainteté. Quels critères sont alors utilisés pour distinguer bonne et mauvaise curiosité ? Si la ligne de partage semble parfois se superposer aux frontières disciplinaires, en condamnant par exemple des sciences aux objets extraordinaires ou lointains comme l’astrologie ou la divination, les travaux de Jean Céard ont montré que certains philosophes de la Renaissance mettaient parfois en question, de manière plus générale, la pertinence de l’assimilation de la curiosité à la rareté et se demandaient si les « merveilles » dignes d’investigation devaient être recherchées dans les phénomènes exceptionnels ou dans les réalités quotidiennes. Il faut donc, on le voit, réinterroger sans cesse les valeurs données à la curiosité au cours de la Renaissance. Pour couronner les séances du séminaire « Polysémies. Littérature, arts et savoirs de la Renaissance », consacré en 2011 à la notion de curiosité, la présente journée d’étude cherchera à poursuivre la réflexion sur les représentations du curieux à la Renaissance, sur les différents objets de curiosité, et sur l’évolution de cette notion dans l’historie des idées.

Programme
 
  • MATINÉE
Salle Paul Celan

8h45 - Accueil des participants et petit-déjeuner de bienvenue
9h - Introduction par Isabelle Pantin (ENS) et Arnaud Laimé (Paris VIII)
1. Définitions
Présidence : Isabelle Pantin (ENS)
9h 15 - Nathaël Istasse (Bibliothèque royale de Bruxelles et E.P.H.E.) : Aspects lexicologiques de la curiosité depuis l’Antiquité.
10h - Jean Céard (Université Paris Nanterre Nanterre) : De la curiosité aux curiosités.
2. La curiosité pour le monde
Présidence : Adeline Desbois (Paris IV)
11h - Marie-Christine Gomez-Géraud (Université Paris Nanterre Nanterre) : La curiosité, qualité du voyageur ? Enquête sur la littérature viatique au XVIe siècle.
11h45 - Isabelle de Conihout (Bibliothèque Mazarine) : Quinze ans après : retour sur l’exposition « Collections encyclopédiques et cabinets de curiosité ».
12h30 : Déjeuner
  • APRES-MIDI
Salle Samuel Beckett
3. Bonne et mauvaise curiosité
Présidence : Alice Vintenon (Université Paris Nanterre Nanterre)

14h 30 - Bénédicte Boudou (Université d’Amiens) & Nadia Cernogora (Université Paris Nanterre Nanterree) : La curiosité nonchalante chez Montaigne.
15h 15 - Nicolas Corréard (Université de Nantes) : La mise en scène de la curiosité impie dans les satires lucianesques (1546-1565).
4. La curiosité en ses mythes
Présidence : Rachel Darmon (Paris VIII)
16h 15 - John Nassichuk (Université Western Ontario) : Spectacles de la curiosité dans le Charon de Giovanni Pontano.
17h - Thibaut Maus De Rolley (Oriel College, Oxford) : Icare et l'astronome : vol et curiosité chez les mythographes de la Renaissance.
17h 40 - 18h : Table ronde conclusive animée par Patricia FALGUIERES (EHESS).

Mis à jour le 11 avril 2018