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Pratiques sérielles dans les littératures médiatiques

Publié le 27 juin 2013 Mis à jour le 11 avril 2018

Colloque organisé par Matthieu Letourneux (Université Paris Nanterre Nanterre, CSLF, EA 1586, équipe PHISTEM).

Date(s)

du 10 mai 2012 au 11 mai 2012

Lieu(x)
Université Université Paris Nanterre
Les productions de la culture médiatique et les fictions imprimées de grande consommation reposent sur des principes de communication qui mettent en jeu des logiques sérielles. Ce qui les caractérise est une tendance à saisir la relation à l’œuvre médiatisée par un ensemble plus vaste à partir duquel elle se conçoit. C’est bien un tel mécanisme que l’on peut repérer dans la décision d’écrire ou de lire une œuvre de genre (récit policier, d’aventures, de science fiction, etc.) ou d’investir des ensembles stéréotypiques et des scénarios intertextuels moins formalisés à l’aune desquels le récit demande à être évalué. C’est également dans cette perspective que se situent les auteurs qui choisissent d’écrire pour une collection éditoriale dominée par des contraintes fortes (genres, valeurs, formats, public, etc.). De même, les auteurs qui se lancent dans des séries à personnages récurrents thématisent-ils les mécanismes de la communication sérielle dans leur œuvre. Enfin, les créateurs d’univers de fiction transmédiatiques conçoivent des séries avant d’inventer une œuvre. Le développement de telles pratiques s’explique en partie par l’histoire des supports et de leur usage dans les productions de grande consommation qui, du feuilleton à la collection en passant par les livraisons et les fascicules, ont généralement sérialisé le texte, soit en le traitant comme une série, soit en l’inscrivant dans un ensemble plus vaste.

Ainsi est-ce l’ensemble de la communication qui est affecté par ces mécanismes sériels. Ils se traduisent par des modes d’écriture et de lecture particuliers. Le lecteur compare les œuvres, aussi bien pour les rapporter à ces ensembles plus vastes que pour tenter de saisir ce qui en fait l’originalité au sein de la série. L’auteur quant à lui s’inscrit dans une perspective dialogique dans laquelle le processus de singularisation se pense dans la relation aux principes sériels. Ainsi, loin de se concevoir uniquement en termes de ressassement, les pratiques sérielles s’inscrivent tout autant dans une perspective de variation, voire de distinction, qui explique pourquoi les goûts des amateurs mettent en jeu des postures discriminantes, et combien les auteurs, loin de se contenter d’exploiter des filons du genre, peuvent chercher à le renouveler ou à le sublimer.
C’est l’ensemble de ces mécanismes sériels, de la chaîne de production matérielle du livre à son écriture, de la narration à la diégèse, de l’écriture à la lecture, que ce colloque se propose d’aborder en se concentrant sur la période qui correspond à la montée en puissance de la culture médiatique, les années 1840-1940, mais sans s’interdire les détours vers des périodes plus récentes. On cherchera autant que possible à mettre en évidence les articulations existant entre les différents niveaux entrant en jeu dans la communication sérielle (support, éditeur, conditions de production, relation aux architextes, etc.), et tentera d’en tirer les conséquences en termes de poétique et d’esthétique.

On s’intéressera aux modes de lecture et d’écriture sériels, en tentant de décrire les spécificités de communication, les jeux plus ou moins subtils que les auteurs proposent aux lecteurs, les attentes de ces derniers et la façon dont les écrivains peuvent les surprendre ou les tromper.
On étudiera les stratégies d’appropriation, de singularisation et de resémantisation que peuvent mettre en place les auteurs qui s’inscrivent dans des logiques sérielles, en essayant de décrire le dialogue entre reprise des codes (collection, genre, personnage récurrent) et réarticulations.
On tentera de réfléchir aux transformations que subissent les figures sérielles : mutations de genres, réinvention de personnages sur la longue durée, redéfinition des traits sériels suivant les pays, les époques et les variations des situations sociales, politiques et culturelles. On essaiera de montrer quelles sont les logiques qui permettent de concilier principes de transformation et de répétition.
On s’interrogera sur les relations entre sérialité et circulation, en se demandant comment une même œuvre ou un même personnage peuvent s’inscrire dans des systèmes intertextuels et architextuels différents suivant les pays, les époques et les contextes culturels.
On s’intéressera aux rôles des autres figures intervenant dans la production du sens – éditeurs, illustrateurs, traducteurs – par la mise en résonance du texte avec d’autres textes, et à la façon dont ils peuvent reformuler les œuvres et leur lecture.

Mis à jour le 11 avril 2018