Le principe spatial de l’utopie, fondé sur un modèle de symétrie architecturale, fut souvent repris dans les projets d’aménagement urbain. Les industriels s’inspireront dès le XIXe siècle de ce modèle et les architectes urbanistes construiront au XXe siècle des « cellules d’habitation » reproductibles. Les études managériales en ont exploité les données. Les contre-utopies littéraires, leurs adaptations cinématographiques (
IGH de J.G. Ballard -
Hight Rise, Ben Wheatley…) ont mis en évidence les effets pervers de ces architectures.
Stupeur et tremblement d’Amélie Nothomb,
Les heures souterraines de Delphine de Vigan,
L’Open space m’a tuer, d’Alexandre des Esnards et Thomas Zuber... soulignent les liens étroits entre l’architecture et le mal-être des salariés. Aujourd’hui, le « brouhaha collaboratif » des « tiers lieux » favoriserait le partage, l’esprit d’inventivité et de création. Les descriptions du fonctionnement des espaces d’habitation et « de travail en projets » mettent en évidence les liens étroits entre l’idéologie dominante d’une époque et ses réalisations architecturales lorsqu’elles partagent une même vision du monde, montrant ainsi le rôle médiateur de la fiction dans la conception et la perception de l’architecture.
Pierre Hyppolite est maître de conférences en littérature française du XXe siècle à l’université de Paris Nanterre. Directeur de l’équipe de recherche « Littérature et Architecture » du CSLF (Centre des Sciences des Littératures en langue Française, ILAM, EA 1586), directeur de la collection « Architecture, littérature et espaces » aux Presses de l’université, il a co-organisé plusieurs colloques avec la Société Française des Architectes (Paris), les universités de Limoges, Paris 8, Aix-Marseille, Paris Nanterre, dont les actes ont été publiés aux PULIM, dans
La Revue des Sciences Humaines (N°300 4/2010), aux Presses Universitaires de Provence et aux Presses de Paris Nanterre.