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ROULIER David
Être attentif : histoire d'une expérience moderne : XVIe-XVIIIe siècles
Cette thèse a pour but d’avancer une théorie sociohistorique de l’attention. Partant du constat que la psychologie, qui renonce à définir cette fonction de manière holistique, mais la conserve comme opératoire, voit son unité dans l’évidence selon laquelle « tout le monde sait ce qu’est l’attention », nous proposons de faire la généalogie de cette évidence subjective supposée commune. Il apparaît que l’attention naît du besoin social, lié au « processus de civilisation » (N. Elias), d’exprimer un autocontrôle non fondé sur des affects forts. Au début du XVIIe siècle, ce besoin a rencontré une possibilité lexicale, dans les mots de la famille d’attention, qui ont amalgamé alors un impératif d’obéissance en troisième personne, issu de l’attentio rhétorique, et un savoir sur l’esprit construit en première personne, issu de l’intentio des philosophies antique et chrétienne. Ainsi s’est constituée la structure réflexive qui forme le noyau de la « fonction psychologique » (I. Meyerson) d’attention. L’expérience moderne de l’attention se construit alors progressivement : la notion d’attention, qui ne désigne initialement qu’une technique d’oraison, s’étend au cours des XVIIe et XVIIIe siècles à un ensemble hétérogène d’aptitudes psychiques, de sorte – à chaque étape – à englober les autocontrôles nouvellement requis par les contraintes sociales dominantes. L’attention est l’expérience ordinaire, partiellement automatisée, de s’efforcer d’accroître son autocontrôle afin de répondre aux contraintes sociales dominantes. Nous identifions trois grandes étapes dans la constitution de l’attention moderne : l’« attention au simple » des clercs et des savants (1600-1660), l’« attention au complexe » des mondains (1660-1740), l’« attention intéressée » des hommes d’esprit (1740-1790).
Soutenue le 14-12-2022 à Paris 10 , dans le cadre de École doctorale Lettres, langues, spectacles (Nanterre) , en partenariat avec Centre des Sciences des Littératures en langue Française (Nanterre) (laboratoire).
Le président du jury était Philippe Hamou.
Le jury était composé de Colas Duflo, Philippe Hamou, Yves Citton, Camille Esmein-Sarrazin, Noemi Pizarroso López.
Les rapporteurs étaient Philippe Hamou et Yves Citton.
Mis à jour le 16 novembre 2023