Version française / DOCTORANT-E-S / Doctorant-e-s - Thèses en cours
AKAFFOU Éric
Genre du traité et formation de l'homme à la Renaissance : 1500-1600
Publié le 16 décembre 2021 – Mis à jour le 27 novembre 2023
Doctorant : Eric Akaffou
Sujet de thèse : Genre du traité et formation de l'homme à la Renaissance : 1500-1600
Direction : Véronique Ferrer
Dans la diversité des écrits qui traitent de la formation de l'homme à la Renaissance, le « genre » du traité occupe une place significative. Par sa forme même, dissertative, et plus encore par sa vocation, enseigner, le traité est le moyen d'expression privilégié de tous ceux qui font profession d'instruire leurs contemporains. Bien que son existence soit largement attestée depuis l'Antiquité, et sa pratique, régulière parmi les Anciens, c'est à Mélanchton que l'on doit un premier effort de systématisation. Le genus didascalicon, comme il le nomme, de la racine grecque qui veut dire « enseigner », se propose d'être le quatrième pilier de l'art oratoire, revendiquant ainsi la même dignité que le genus judiciale, le genus demonstrativum et le genus deliberativum. Il est conçu, à l'origine, pour être un canevas destiné aux ministres de la Parole dans la rédaction de leurs prédications, c'est-à-dire un art d'enseigner de façon correcte, une methodus docendi. Mélanchton en fixe les caractères : il s'agit d'une méthode qui procède par une définition claire des sujets à traiter, et qui les illustre progressivement en tâchant d'examiner, au préalable, les « questions simples », puis de s'élever, graduellement, vers les « questions complexes » suivant un ordre naturel. Ce genre, appelé aussi didascalique est repris par les professeurs de rhétorique pour qui il apparait comme un concept fonctionnel, propre à rassembler et à définir l'abondante prose d'idée que le développement de l'imprimerie permet de diffuser à la Renaissance. Le mot traité, appliqué à ce genre d'ouvrages vient donc de ce qu'ils traitent de quelque art, de quelque science, de quelque matière particulière sous la forme d'une dissertation à visée didactique. Il offre ainsi l'espace nécessaire à une analyse minutieuse, voire exhaustive des sujets dont il sert de support. Etudier le « genre du traité » dans « la formation de l'homme moderne » peut s'entendre de la place du traité, c'est-à-dire son rôle dans les projets d'éducation à la Renaissance. Cette perspective, qui mettrait en lumière la portée des écrits et l'influence de leurs auteurs reste cependant peu productive, puisqu'elle s'essoufflerait dans les questions de hiérarchie, faisant la part belle aux grands auteurs du patrimoine français au détriment de tous ces auteurs mineurs qui ont tenté, avec plus ou moins de fortune, d'apporter à l'œuvre commune d'édification d'un homme nouveau. Plutôt que la place des traités, nous avons envisagé le traité comme le lieu où s'élabore une réflexion riche, diversifiée, sur l'homme, sur sa condition, sur les directions de sa vie morale et intellectuelle. Notre recherche s'ouvre ainsi aux apports de divers horizons, à la diversité des auteurs, religieux et laïcs, poètes et romanciers, moralistes et philosophes, et à la diversité de leurs traités dès lors qu'ils s'intègrent au cycle des Arts libéraux, et que de l'étoffe technique, parfois absconse de leurs dissertations, émerge une vision globale de l'homme. Nous avons naturellement éliminé le corpus de l'antiquité classique, abondamment traduit et réédité, et la matière de ces sommes gigantesques n'a retenu notre attention qu'aux feuillets, disséminés ici ou là, d'où surgit une éthique de l'homme, quelque orientation sur sa formation. Mais la notion même de formation telle que nous l'employons dans cette étude appelle quelques clarifications, car il eût été plus indiqué, et dans l'esprit du siècle, de recourir au terme institution, si fréquent dans les titres à la Renaissance pour désigner les projets d'édification morale et spirituelle. Nous l'entendons de deux manières : dans son acception immédiate d'éducation d'une part, et de l'autre, comme un processus de création, de renaissance. L'homme sanguinolent de la deuxième moitié du siècle, ivre du sang fraternel, a montré un visage hideux, dans la tourmente des guerres. Il ne s'agit plus simplement de l'éduquer, il convient de le régénérer, de la même façon que le sacrement du baptême dépouille le vieil homme dans le pécheur. En couvrant donc la période de 1500 à 1600, notre projet, on le voit, est de dégager une idée complète de l'homme, de sa formation, telle qu'on peut la déduire des traités renaissants ; une vision de l'homme qui suive aussi les scansions du siècle, et qui en rende compte.
Sujet de thèse : Genre du traité et formation de l'homme à la Renaissance : 1500-1600
Direction : Véronique Ferrer
Dans la diversité des écrits qui traitent de la formation de l'homme à la Renaissance, le « genre » du traité occupe une place significative. Par sa forme même, dissertative, et plus encore par sa vocation, enseigner, le traité est le moyen d'expression privilégié de tous ceux qui font profession d'instruire leurs contemporains. Bien que son existence soit largement attestée depuis l'Antiquité, et sa pratique, régulière parmi les Anciens, c'est à Mélanchton que l'on doit un premier effort de systématisation. Le genus didascalicon, comme il le nomme, de la racine grecque qui veut dire « enseigner », se propose d'être le quatrième pilier de l'art oratoire, revendiquant ainsi la même dignité que le genus judiciale, le genus demonstrativum et le genus deliberativum. Il est conçu, à l'origine, pour être un canevas destiné aux ministres de la Parole dans la rédaction de leurs prédications, c'est-à-dire un art d'enseigner de façon correcte, une methodus docendi. Mélanchton en fixe les caractères : il s'agit d'une méthode qui procède par une définition claire des sujets à traiter, et qui les illustre progressivement en tâchant d'examiner, au préalable, les « questions simples », puis de s'élever, graduellement, vers les « questions complexes » suivant un ordre naturel. Ce genre, appelé aussi didascalique est repris par les professeurs de rhétorique pour qui il apparait comme un concept fonctionnel, propre à rassembler et à définir l'abondante prose d'idée que le développement de l'imprimerie permet de diffuser à la Renaissance. Le mot traité, appliqué à ce genre d'ouvrages vient donc de ce qu'ils traitent de quelque art, de quelque science, de quelque matière particulière sous la forme d'une dissertation à visée didactique. Il offre ainsi l'espace nécessaire à une analyse minutieuse, voire exhaustive des sujets dont il sert de support. Etudier le « genre du traité » dans « la formation de l'homme moderne » peut s'entendre de la place du traité, c'est-à-dire son rôle dans les projets d'éducation à la Renaissance. Cette perspective, qui mettrait en lumière la portée des écrits et l'influence de leurs auteurs reste cependant peu productive, puisqu'elle s'essoufflerait dans les questions de hiérarchie, faisant la part belle aux grands auteurs du patrimoine français au détriment de tous ces auteurs mineurs qui ont tenté, avec plus ou moins de fortune, d'apporter à l'œuvre commune d'édification d'un homme nouveau. Plutôt que la place des traités, nous avons envisagé le traité comme le lieu où s'élabore une réflexion riche, diversifiée, sur l'homme, sur sa condition, sur les directions de sa vie morale et intellectuelle. Notre recherche s'ouvre ainsi aux apports de divers horizons, à la diversité des auteurs, religieux et laïcs, poètes et romanciers, moralistes et philosophes, et à la diversité de leurs traités dès lors qu'ils s'intègrent au cycle des Arts libéraux, et que de l'étoffe technique, parfois absconse de leurs dissertations, émerge une vision globale de l'homme. Nous avons naturellement éliminé le corpus de l'antiquité classique, abondamment traduit et réédité, et la matière de ces sommes gigantesques n'a retenu notre attention qu'aux feuillets, disséminés ici ou là, d'où surgit une éthique de l'homme, quelque orientation sur sa formation. Mais la notion même de formation telle que nous l'employons dans cette étude appelle quelques clarifications, car il eût été plus indiqué, et dans l'esprit du siècle, de recourir au terme institution, si fréquent dans les titres à la Renaissance pour désigner les projets d'édification morale et spirituelle. Nous l'entendons de deux manières : dans son acception immédiate d'éducation d'une part, et de l'autre, comme un processus de création, de renaissance. L'homme sanguinolent de la deuxième moitié du siècle, ivre du sang fraternel, a montré un visage hideux, dans la tourmente des guerres. Il ne s'agit plus simplement de l'éduquer, il convient de le régénérer, de la même façon que le sacrement du baptême dépouille le vieil homme dans le pécheur. En couvrant donc la période de 1500 à 1600, notre projet, on le voit, est de dégager une idée complète de l'homme, de sa formation, telle qu'on peut la déduire des traités renaissants ; une vision de l'homme qui suive aussi les scansions du siècle, et qui en rende compte.
Mis à jour le 27 novembre 2023