FABIANI Pauline

La poésie pétrarquiste revisitée de Desportes à Malherbe (1572-1630)

Publié le 27 septembre 2023 Mis à jour le 27 septembre 2023
Doctorant-e-s : Pauline FABIANI
Sujet : La poésie pétrarquiste revisitée de Desportes à Malherbe (1572-1630)
Direction : Guillaume Peureux et Alexandra Albertini-schuffenecker.

Le présent travail de thèse est consacré à la notion de « pétrarquisme » en France, entre le XVIe siècle et le XVIIe siècle, et à sa remise en perspective au prisme de l'histoire des idées. Le néo-pétrarquisme, du nom du poète florentin auteur du Canzoniere, en tant que donnée esthétique, fut critiqué et rejeté par Du Bellay, Shakespeare, et d'autres, pour excessivité et artificialité, tant sur le plan de la forme, que du fond. Or, si se cristallise alors une contestation tant esthétique, épistémologique, que politique et linguistique, Pétrarque et ses émules, en particulier Philippe Desportes en France, qu'on les lise directement, ou que l'on passe par des anthologies, n'en ont pas moins été lus et grandement pratiqués, ce dont atteste entre autres le poids des productions, éditions et manuscrits. Jusqu'à la postérité, à travers l'unité formelle et thématique liée au sonnet notamment qui, en dépit de controverses, a continué d'être lu et pratiqué jusqu'à l'époque moderne (Charles Baudelaire, Pablo Neruda, Pier Paolo Pasolini). C'est dire que réduire le néopétarquisme à ses seuls stylèmes, jusqu'au cliché, c'est prendre le risque d'éluder les diverses raisons qui ont contribué en dépit des détracteurs, à la permanence de cette manifestation poétique. Raisons qui peuvent être appréhendées à l'aune de cette catégorie que l'on nomme « baroque », difficile à cerner mais déterminante en ce que, transversale, elle innerve, dans la période qui nous occupe, autant des problématiques esthétiques, morales, politiques, que religieuses voire métaphysiques. Le trait dominant de ce vaste ensemble est en effet l'instabilité de toute chose. La Fronde gronde face à un pouvoir royal affaibli tandis que protestants et catholiques s'affrontent sur les ruines d'un christianisme encore divisé. La découverte d'un « nouveau monde » d'autre part a bouleversé la vision de l'Homme dans son rapport à l'autre et au monde. De sorte que mobilité et métamorphose imprègnent arts et lettres, et poésie en l'occurrence, reflets d'un monde aux contours désormais flottants. Dans ce contexte, l'objet d'amour, entre spiritualité et sensualité, comme mise en exergue des fragilités de l'Homme, serait alors le fondement d'un paradigme rhétorique verbalisant et transcendant, par le détour poétique, l'angoisse d'une époque en quête de vérité. Dès lors, tout ce qui est critiqué dans le néopétrarquisme pourrait être vu moins comme des élans de frénésie du poète arborant, telle une coquille vide, l'éthos d'un martyr d'amour, que des voies d'accès atypiques à la connaissance de soi, d'autrui et du monde.

Mis à jour le 27 septembre 2023