Colloque international
La Rue : architecture, sociabilité, cultures
Présentation
Quels rôles jouent la dénomination des rues, leur morphologie, dans la construction de la ville ? Quelle est l’importance de la rue dans les théories de l’architecture ? La percée des rues a facilité la circulation des biens et des personnes, l’hygiène, le contrôle policier, militaire, social de l’espace urbain, rejetant les ouvriers à la périphérie. L’urbanisme moderne a eu la volonté de faire disparaitre la rue tout en multipliant les réseaux routiers souterrains, en surface ou en hauteur, élargissant la trame urbaine. Un retour à la rue, fondé sur le concept de « village urbain », s’amorce à la fin du XXe siècle avec la volonté de maintenir, dans les centres-villes, « une vie de quartier ».
« Vivre sa rue, c’est y être acteur ». La rue est le lieu des contestations, des manifestations et de l’expression des utopies sociales, culturelles, politiques : graffitis, graphes, tags, pochoirs, murs peints… en témoignent. On sera attentif à la parole des rues, à l’écriture des rues, à ce qui s’y inscrit sur les murs et sur le sol (publicité, slogans, mots d’ordre…), aux signes et aux signaux de la ville. Ces inscriptions déterminent un autre rapport à l’espace sémiotisé de la rue défini par ses signes iconiques et langagiers plus que par ses murs et leur architecture. La rue émet des discours informatifs, injonctifs, elle en reçoit aussi. Le mobilier, l’éclairage, la signalétique, le wifi public, ses multiples applications déterminent le mode de déplacement des habitants. Les rues sont aussi les lieux d’une grande précarité. En quoi la multiplicité de ces usages transforme-t-elle les pratiques de la ville et modifie-t-elle le social ?
La rue est souvent une unité indépendante du dispositif urbain à laquelle elle appartient. La modification de son tracé est la résultante d’une planification de la ville comme un tableau. Dessins, peintures, photographies témoignent de l’état antérieur des rues. Elles deviennent des lieux de promenades architecturales plus ou moins fléchées, instrumentalisées. Quel rôle joue la scénarisation des rues dans les modes d’appropriation de l’espace urbain ?
Les avant-gardes et la littérature contemporaine ont associé leurs pratiques innovantes à la rue. Elles en ont fait le théâtre de leur expression. Quelle(s) représentation(s) les peintres, les photographes, les écrivains nous donnent-ils de ces pratiques ? Dans quelle mesure les rues racontent-elles l’Histoire architecturale, politique, sociale, culturelle des villes ? Quelles en sont les conséquences sur la littérature et le dialogue permanent de l’espace urbain et de l’écriture ?
Programme
Jeudi 1er décembre
8h45 – accueil, allocution d’ouverture
Présidence :
Marc Perelman, Université Paris Nanterre
Conférence (sous réserve) de
Richard Sennett, New York University, London School of Economics : « La ville ouverte. »
9h30 – Sophie Lefay, Université d’Orléans : « Noms de rues : Paris au XVIIIe siècle. »
10h00 –
Discussion
10h30 – Jean-Michel Gouvard, Université Bordeaux-Montaigne : « Les rues dans "Le Spleen de Paris" : entre poétique et représentations culturelles. »
11h00 – Éric Hazan, écrivain, éditeur : « Balzac et la rue parisienne. »
11h30 – Frédérique Villemur, École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier : « Un regard au balcon : Caillebotte, la rue vue d’en haut. »
12h00 –
Discussion et repas14h30 – Émilie Piton-Foucault, Université Rennes 2 : « Un Zola tiraillé face aux rues : Fascination pour l’architecture abstraite / disparition de la vie de quartiers. »
15h00 – Henrik Reeh, Université de Copenhague : « Rues, barricades, Walter Benjamin. »
15h30 –
Discussion16h00 – Maurice Garden, École Normale Supérieure, Cachan ;
Jean-Luc Pinol, École Normale Supérieure, Lyon : « Habitats et habitants dans quelques rues de Paris. »
16h30 – Pascale Rodts-Rougé, Université du Littoral : « Réda, quo vadis ? »
17h00 – Élise Wiener, EHESS, Paris : « Un labyrinthe du vide : la ville-mémoire de Patrick Modiano. »
17h30 –
Discussion18h00 –
CocktailVendredi 2 décembre
Présidence :
Pierre Hyppolite, Université Paris Nanterre
9h00 – Jean-Luc Bayard, École Nationale Supérieure d’Architecture de Saint-Étienne : « La rue d’Edmond Jabès, dans la transparence du livre. »
9h30 – François Berquin, Université du Littoral : « Chanteur des rues (Chaillou). »
10h00 –
Discussion10h30 – Jean-Noël Blanc, sociologue, écrivain : « La rue comme roman. »
11h00 – Luca Merlini, École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Malaquais : « Lorsque les dedans deviennent des dehors. »
11h30 – Thomas Clerc, Université Paris Nanterre : « Vue en coupe d’une rue. »
12h00 –
Discussion et buffet14h00 – Jean-Bernard Vray, Université de Saint-Étienne : « Jean-Noël Blanc : la rue entre essais et récits. »
14h30 – Myriam Boucharenc, Université Paris Nanterre : « Le spectacle est dans la rue” : Paris, théâtre de la publicité 1930. »
15h00 – Alain Milon, Université Paris Nanterre : « La rue et ses expressions illicites : tag, graff, pochoir, ombre portée, détournement d’affiche, graffiti (…). »
15h30 –
Discussion et pause16h00 – Caroline Ziolko, Université de Montréal, chercheuse indépendante : « Paris-New York, la rue : image photographique et propos pluriel. »
16h30 – Gaëlle Théval, Université de Paris 3-Sorbonne Nouvelle : « De la topographie sonore à la poétique de circulation : présences de la rue dans la poésie de Bernard Heidsieck. »
17h00 – Discussion17h30 – Clôture du colloque :
Pierre Hyppolite, Marc Perelman