Depuis    le XIXe siècle, on a vu se multiplier les dispositifs médiatiques.    Ceux-ci ont pris une place de plus en plus importante dans l’espace    culturel et social, au point d’apparaître au début du XXIe siècle comme    le principal mode d’appréhension de la réalité et le vecteur essentiel    de consommation des œuvres de fiction. Dans le domaine de la culture    populaire, le basculement d’une culture de transmission communautaire    (folklore, légendes) à une culture médiatique portant déjà en elle la    logique de la culture de masse, ou tout au moins celle des communautés    médiatisées, a changé en profondeur la relation aux récits, au point  que   celle-ci apparaît comme l’une des sources de structuration  majeures de   l’imaginaire collectif et du discours social. C’est en ce  sens que   l’articulation entre le médiatique et le fictionnel s’impose  tout   particulièrement lorsqu’il s’agit d’étudier les productions  sérielles,   d’autant que celles-ci tendent à reformuler dans leurs  structures   narratives ou leurs thèmes les contraintes que fait peser  sur elles la   reproductibilité technique associée aux médias de masse.  C’est cette   relation entre fiction et culture médiatique que le  séminaire monté en   association par la LPCM et le CSLF (équipe PHISTEM)  se propose   d’examiner en mettant l’accent sur différents niveaux :  D’abord, il   apparaît que les contraintes du support de production  s’imposent sur les   formes des récits, non seulement à travers les  modes d’expression qui   leur sont associés mais aussi à travers les  dynamiques de communication   et la matérialité du support elle-même.  Chaque nouveau média a altéré  la  façon de concevoir les fictions,  affectant à la fois les structures   narratives et les imaginaires des  auteurs qui ont choisi d’en exploiter   les possibilités. La  multiplication des médias a en outre entraîné la   circulation  transmédiatique des œuvres et des imaginaires et leur   déclinaison dans  des modes d’expression différents. Une telle   circulation a favorisé  la cohésion des imaginaires. Elle a permis le   développement de  nouvelles logiques transfictionnelles,a imposé des   univers de fiction  encyclopédiques excédant largement leur actualisation   dans la somme  des œuvres qui les explorent, et de véritables synergies    transmédiatiques. Mais elle a entraîné en parallèle une fragmentation   de  ces œuvres-architextes, invitant aux appropriations et aux    recompositions, et favorisant les logiques de participation    communautaires. Le rythme et la logique des médias ont par ailleurs    structuré notre manière d’appréhender la réalité, imposant une relation    de la littérature sérielle au monde oscillant en permanence entre des    logiques réalistes de représentation (celles d’une relation médiatisée    et périodique au monde) et une vraisemblance intertextuelle insistant    sur le spectaculaire et l’émerveillement (celle qui accompagne la    standardisation des imaginaires sérialisés et l’autonomisation des    logiques référentielles). Enfin les conditions de production des œuvres,    marquées par une industrie culturelle et médiatique toujours plus    puissante, ont imposé leurslogiques industrielles et commerciales aux    œuvres, à leurs formes et à leurs imaginaires, mettant en évidence une    articulation profonde entre le développement des fictions sérielles, de    la culture médiatique et de la culture de consommation. Favorisant  une   logique de circulation de plus en plus grande de la fiction entre  les   formes narratives et les formes mimétiques et ludiques (celles en    particulier des produits d érivés, jeux, jouets et biens de  consommation   courante), ces « fictions médiatiques » sont donc au cœur  des   phénomènes de « consommation culturelle » sur lesquels on peut    aujourd’hui s’interroger en en rappelant les contextes successifs de    développement.
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