Responsables : Mathilde Bernard,Guillaume Peureux et Florence Tanniou
2022-2023 : ateliers d’écriture de l’ouvrage commun sur l’urgence
À paraître en ligne en 2024.
● jeudi 16 décembre 2021,
● vendredi 18 mars 2022
● jeudi 14 avril 2022
● mardi 31 mai 2022
● vendredi 1er juillet 2022
● vendredi 21 octobre 2022
● vendredi 16 décembre 2022
● vendredi 17 février 2023
● 4 juillet 2023
● 8 septembre 2023
Cette réflexion sur la notion d’urgence poursuit les travaux de LCR sur l’actualité, qui interrogent toute vision (contemporaine ou rétrospective) de l’écriture comme fixation de l’intemporel, notamment parce que ces représentations conduisent à sous-estimer tout écrit qui afficherait la part du circonstanciel dans sa production. Il s’agira de considérer les formes d’inscription de l’actualité dans des écrits que l’histoire a consacrés comme littéraires aussi bien que dans ceux qu’elle exclut. Au sein de cette interrogation, plusieurs catégories d’urgences pourront être envisagées - urgence politique, spirituelle, millénariste, économique, circonstancielle, etc -, et il conviendra de distinguer les différents motifs invoqués pour justifier cette urgence d’écrire : danger, désir, nécessité interne ou demande externe.
On s’interrogera sur les modalités suivant lesquelles la littérature s’inscrit dans l’urgence, et reflète cette situation, ou l’invente. Nous nous pencherons ainsi, d’une part, sur des faits - les circonstances d’édition, les jeux de concurrence entre éditeurs, la relation entre une édition et les événements qui l’environnent, en somme les faits qui touchent à la matérialité de la production du texte ; et d’autre part, sur la manière dont les écrits témoignent de cette situation d’urgence, la représentent, affichent l’effet qu’elle est censée produire sur eux, en réfléchissant aux enjeux rhétoriques ou esthétiques qui accompagnent cette représentation. On envisagera plus particulièrement la part topique de l’urgence dans l’évocation de la genèse du texte, par exemple dans la peinture de la situation de l’écrivain ou dans l’évocation de l’urgence pécuniaire. Notre attention se portera sur son rôle comme instrument de captatio benevolentiae, opérant suivant plusieurs modalités : revendication d’un certain rapport au vrai, d’une spontanéité lisible dans l’imperfection de la forme, ou encore expression pathétique d’une déploration, d’une indignation, d’une injonction ou d’une prière adressée, directement ou non, au lecteur.
Nous nous interrogerons ainsi sur l’urgence, ou la figuration de l’urgence - qui peut être en décalage avec les conditions réelles de publication -, comme stimulation d’écriture, et stimulation de lecture. Nous observerons en particulier des écrits où l’invocation de l’urgence implique une croyance dans l’efficacité de l’écrit, pour influer sur la perception que le public peut avoir d’un événement, voire pour construire cet événement, ou l’effacer. Nous nous intéresserons aussi au jugement porté sur les textes qui se présentent comme écrits dans l’urgence.
Ce questionnement sera attentif à la spécificité de l’urgence pour les siècles anciens et notre attention se portera sur les mots et expressions qui la désignent, plus ou moins directement. Il s’agira en somme de saisir des indices de l’inscription de ces textes anciens dans leur présent, qu’elle soit réelle ou jouée, et ainsi d'envisager l’un des modes d’existence de l’actualité à l’aube de la modernité.
Organisation
Le séminaire se tiendra en présence, dans la salle du conseil du bâtiment Ricoeur, si les conditions sanitaires le permettent, et à distance, avec le lien suivant, dans le cas contraire - et en tout cas pour la séance de janvier : https://meet.google.com/pon-cmyy-txd