Description
Les rencontres, chassés-croisés ou circulations à double sens entre la littérature et la publicité, sont anciennes et leur histoire présente plusieurs facettes. Elle s’appelait encore la réclame que l’éloquence commerciale calquait ses discours sur les genres et la rhétorique de la littérature, mobilisait ses références et ses emblèmes, et sollicitait les écrivains eux-mêmes, de manière anonyme ou signée. La littérature fut au demeurant l’un des premiers « produits » de l’annonce commerciale, moyennant une ambiguïté déterminante entre la littérature à vendre et la littérature pour vendre, ainsi qu’en témoigne l’expression « publicité littéraire », en vigueur au cours du premier XXe siècle, pour désigner aussi bien la publicité faite pour la littérature que par elle, à une époque où se multiplient les contributions des grands auteurs. Depuis l’émergence de cette « littérature utile » (Balzac) et l’époque des premières tentations littéraires ou artistiques de la publicité, toujours présentes aujourd’hui dans la Brand culture, le monde des lettres n’a cessé de réagir face à l’irrémissible essor d’une culture publicitaire tout à la fois proche et concurrente du discours littéraire. Écrivains et critiques en ont enregistré en temps réel les avancées et dénoncé les dérives dans des pamphlets et des fictions souvent apocalyptiques. Si elle les a alertés, inquiétés, crispés elle les a aussi séduits et tentés – tentation du diable qui les a conduit, pour des raisons alimentaires, mais pas seulement, à pactiser avec elle, dont ils ont fait tantôt un contre-modèle poétique, tantôt un modèle de littérature moderniste. À travers ces appropriations consenties ou non (lorsque la publicité se sert dans le trésor des classiques), cette bourse d’échanges intertextuels, sémiotiques, éditoriaux et médiatiques entre les Belles-lettres et la littérature marchande, se pose ainsi, depuis le XIXe siècle, la double question de la « littérarisation » de la publicité et de la « publicitarisation » de la littérature.
Ce sont ces questions que l’ANR Littépub a contribué à mettre en évidence et à étudier dans ses diverses manifestations historiques. À l’occasion de ce congrès de clôture, il s’agit de conjuguer la synthèse des acquis de ce programme de recherche de quatre années et un volet prospectif, qui lance de nouvelles pistes, intégrant au réseau de nouveaux partenaires, en dégageant des angles d’approche inédits et en développant une perspective comparative.
Pré-programme
Mardi 11 juin 201910h15-13h – Accueil des participants et ouverture du congrès : Myriam Boucharenc, Laurence Guellec et David MartensPrésentation du site Littépub
Laurence Guellec (Université Paris Descartes, THALIM), Xavier Sense (Université Paris Descartes-IUT de Paris), Gaëlle Théval (IUT de Rouen)
Discussion
Conférence inaugurale
Karine Berthelot-Guiet (CELSA Sorbonne Université – Gripic) : « Littérarité-publicitarité : quelles circulations au cœur des discours ? » (Conférence inaugurale)
Discussion 14h30-17h30 – Session 1 : Les auteurs en vedette
Modération : Brigitte Diaz
José Luis Diaz (Université Paris 7) : « L’écrivain en vitrine (1830-1850) » ;
Éléonore Reverzy (Université Sorbonne Nouvelle Paris 3) : « Vitrines avec livres » ;
Jean-Didier Wagneur (BNF) : « Auguste Commerson du
Tam Tam au
Tintamarre » ;
Discussion et pauseClaude Leroy (Université Paris Nanterre) : « L’écrivain au défi de sa légende (Morand, Cocteau, Cendrars, Gary) » ;
François Berquin (Université du Littoral) : « “Ma vanité d’auteur” (Valery Larbaud) » ;
Marie-Hélène Boblet (Université de Caen) : « Du service marketing à la scène théâtrale : les vertiges promotionnels de
Par-dessus bord, de Michel Vinaver ».
Discussion Mercredi 12 juin 2019
9h30-12h30 – Session 2 : Genres littéraires et genres publicitaires
Modération : David MartensMatthieu Letourneux (Université Paris Nanterre) : « Genre médiatique et régime fordiste de la littérature : publicité et sérialité (1910-1960) ;
Galia Yanoshevsky (Université Bar-Ilan) : « Sur les entretiens comme mode de promotion » ;
Marcela Scibiorska (Université de Lausanne) : « La biographie illustrée au service du marketing éditorial. Les Albums de la Pléiade ».
Discussion et pause
David Martens (KU-Leuven
– MDRN) : « Des écrivains trop stylés ». Publicité de mode et promotion littéraire dans le
Elle » ;
Annelise Depoux (CELSA Sorbonne Université) : « Quand la poésie s’aphorise dans des espaces de publicité haute : un genre littéraire à l’épreuve d’une nouvelle performance. Analyse de quelques scénographies métropolitaines de la RATP à Channel » ;
Gaëlle Théval (IUT de Rouen) : « Teaser/anti-teaser : du teaser au vidéopoème ».
Discussion14h-17h30 – Session 3 : Stratégies éditoriales. Des archives papier au numérique
Modération : Marie-Pier Luneau et Anthony Glinoer
Anthony Glinoer et Marie-Pier Luneau (Université de Sherbrooke, GRÉLQ) : « Publicité et réclame dans les archives éditoriales » ;
Olivier Bessard-Banquy (U. Bordeaux 3) : « Vendre, disent-ils ».
Discussion et pause
Table ronde animée par Anthony Glinoer : Les archives de la promotion du livreAvec
André Derval (Directeur des collections de l'IMEC),
Sonia Dollinger (Directrice des archives municipales de Beaune),
Laurence Boudart (Directrice Archives et Musée de la Littérature de Bruxelles/AML),
Lucile Trunel (Directrice Bibliothèque Forney).
Discussion et pausePrésentation work-in-progress de l’exposition en ligne « Les écrivains belges et la publicité » 20 h - Dîner d’honneur Jeudi 13 juin 20199h30-12h30 – Session 4 : Intrigues publicitaires
Modération : Alain Schaffner
Henri Scepi (Université Paris 3) : « La publicité comme ressort de l'intrigue ou scénario de la réussite chez Jules Verne » ;
Emilien Sermier (Université de Lausanne) : « La publicité prise à revers :
Le Grand Homme de Philippe Soupault » ;
Marie-Paule Berranger (Université Paris 3) : « Entre le mythe et l'encyclopédie, quelle place pour la publicité dans l’oeuvre de Raymond Queneau ? ».
Discussion et pauseAlain Schaffner (Université Paris 3) : « L'imaginaire publicitaire dans les fictions d'Alexandre Vialatte : fascination, émerveillement, mise en abyme » ;
Pierre Hyppolite (Université Paris Nanterre) : « Sur Grégoire Delacourt : du slogan au roman
» ;
Émilie Frémond et
Marie Sorel (Université Paris 3) : « Littépub/littéjeunesse : matières à intrigues ».
Discussion14h-16h – Session 5 : Imageries et supports
Modération : Sofiane Laghouati
Réjane Bargiel (Musée des Arts décoratifs)
:
« Jules Chéret (1836-1832), roi de l’affiche et le livre illustré » ;
Isabelle Roussel-Gillet (Université d’Artois) : « Relations promotionnelles entre exposition muséale et écrivains ? Cas contemporains de citation "slogan" et produit dérivé » ;
Sofiane Laghouati (Musée royal de Mariemont/KU-Leuven) : « Du livre à l’écran : la prouesse technologique comme argument de la promotion littéraire ? » ;
Gyöngy Pal (Université de Kaposvàr) : « La publicité comme matière de création dans les bandes dessinées des artistes néo-avant-gardes ».
Discussion et pause16h30 - Table ronde animée par Stéphane Martin (directeur général de l’ARPP, Président de l’AEEP) : Réédition d’une enquête historique, « Littérature, commerce et industrie » (Paris-Soir, 1927)Présentation de l’enquête par
Myriam Boucharenc, suivie d’un débat avec
Dominique Wolton (CNRS),
Thomas Clerc (écrivain, Université Paris Nanterre), Jacques Séguéla (publicitaire).
Discussion Vendredi 14 juin 2019
9h30-12h – Session 6 : Littérature et publicité. Ordres et désordre du numérique
Modération : Brigitte Chapelain et Isabelle Veyrat-MassonConférenceVincent Kaufmann (MCM Institute, Université de St. Gall) : « Le numérique au service de la littérature de proximité » ;
DiscussionBrigitte Chapelain (LCP/CNRS) : « Le lecteur est-il devenu un publicitaire de la littérature (y compris numérique) ? » ;
Louis Wiart (Université Libre de Bruxelles) : « Des media traditionnels aux réseaux sociaux : ruptures et continuités dans la prescription de romans ».
Discussion et PauseTable ronde animée par Isabelle Veyrat-Masson (LCP/CNRS) : Les nouveaux influenceurs
Avec
Marc Brohee (Community manager en bibliothèque universitaire),
Francois Coune, Bookstagrammeur Livreur de mots),
Nathalie Manceau (ex-présidente de VendrediLecture) et
Stéphanie Vecchione (conseil en communication digitale pour les professionels du livre) +
Charlie et ses drôles de livres, Bookstagrammeur, Blogueur (sous réserve)
Discussion13h30-16h30 – Session 7 : Perspectives transnationales
Modération : Martina Stemberger
Michela Nacci (Université de Florence/IEA) : « La publicité est-elle américaine ? Les écrivains italiens et l’
advertising au XXe siècle » ;
Gustaf Marcus (Université Paris 3) : «
The Red Room or the art of making a Name: Scandinavian Modernism Seen Through the Lens of Advertising » ;
Martina Stemberger (Université de Vienne) : « Pouchkine ? Pepsi ? Génération P : littérature et publicité dans la Russie postsoviétique ».
Discussion et pauseClarissa Colangelo (KU-Leuven) : « Photo-Novels and Advertisement in (Belgian) Women’s Weeklies » ;
Sophie Ireland (Uniersité Paris Nanterre) : « La poétique surréaliste au miroir des réclames pragoises : variations sur le déni de littérature » ;
Véronique Elefteroui-Perrin (Université Paris Diderot) : « Le grand cinéma-roman américain, la presse et la culture publicitaire : circulations et complicités ».
Discussion et pause17h - Conclusions : Myriam Boucharenc, Laurence Guellec, David Martens